EUROPEAN ARMENIAN FEDERATION
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« REFORME » DE L'ARTICLE LIBERTICIDE 301 DU CODE PENAL TURC :
NOUVEAUX MOTS, MEME LOI
Le Parlement turc a approuvé ce mercredi 30 avril, le projet de loi AKP affichant un « amendement » du sinistre article 301 réprimant la liberté d'expression dans ce pays. L'amendement voté par 250 voix contre 65 se contente de remplacer le crime « d'insulte à la turquicité » par celui « d'insulte à la nation turque ». Par ailleurs les poursuites devront maintenant être préalablement approuvées par le Ministère de la justice et la peine maximum encourue a été ramenée de trois à deux ans d'emprisonnement..
Dans sa forme initiale, l'article 301 a été massivement invoqué, depuis plusieurs années, pour poursuivre tout auteur de pensées dissidentes sur les tabous de la Turquie, tels le Génocide des Arméniens et sa reconnaissance, la question kurde ou l'occupation de Chypre. Une partie de l'opinion publique turque considère que l'inculpation, en son temps, en vertu de cet article inique, du journaliste Hrant Dink, avait conduit à son assassinat tragique en janvier 2007.
En Europe et en Turquie même, de nombreuses voix se sont élevées pour dénoncer cette parodie de réforme et pour exiger une abrogation complète de l'article 301 et des autres dispositions.
De l'avis général, la « réforme » adoptée hier ne changera rien à la situation critique concernant la liberté d'expression en Turquie et les intellectuels continueront d'être poursuivis. Le Ministre turc de la Justice est d'ailleurs intervenu durant les débats du Parlement pour préciser qu' « avec cette loi, il ne sera pas question de laisser des gens insulter librement l'identité turque ».
« Cette prétendue réforme est une plaisanterie » a déclaré Hilda Tchoboian, la présidente de la Fédération Euro-Arménienne.. « Elle rappelle curieusement la manipulation de l'article 305, resté absolument identique dans ses dispositions punitives, mais dont le Parlement turc avait supprimé uniquement l'exposé des motifs qui citait le génocide des Arméniens et l'occupation de Chypre » a –t elle expliqué.
« L'Union européenne ne doit pas se laisser anesthésier par cette manipulation grossière » a dit Hilda Tchoboian.
La Fédération Euro-arménienne rappelle que, dans l'espoir d'une réforme substantielle, le rapport sur la Turquie présentée par la députée européenne PPE ( CDA Pays Bas- Chrétiens-Démocrates), Ria Oomen Ruijten, et adoptée le 21 avril 2008 a, pour la deuxième année consécutive employé un ton complaisant et flatteur sur la situation, pourtant critique, des Droits de l'Homme en Turquie.
La Fédération prend acte, avec admiration, de la déclaration officielle en Turquie par deux intellectuels – Défenseurs des Droits de l'Homme turcs, Ragip Zarakolu et Erdogan Keskin, affirmant et reconnaissant le génocide des Arméniens (cf. déclaration ci-dessous)
« Lorsqu'on voit le courage de ces hommes, on ne peut pas accepter que les Parlementaires européens les lâchent en acceptant cette tromperie officielle. Le Parlement ne doit pas non plus se conformer à « l'omerta » ( loi du silence) imposé par Ankara sur le génocide dans le rapport qu'il adoptera dans les semaines à venir » a conclu Hilda Tchoboian.
Le communiqué de l'IHD pour la reconnaissance du génocide des Arméniens
A cette occasion l'Association pour les droits de l'homme (IHD) a diffusé le communiqué de presse suivant :
« Aujourd'hui, le 24 avril, est reconnu dans le monde entier comme la date signifiant le Génocide Arménien. Seule en Turquie elle indique un tabou. L'état Turc mobilise toutes ses ressources pour nier la signification de cette date.
Dans les plates-formes diplomatiques les fonctionnaires turcs et leurs avocats prétendent qu'ils reconnaissent “ la grande tragédie “ et qu'ils élèvent seulement une objection à sa nomination comme “un Génocide“. Ce n'est pas vrai. A chaque occasion en Turquie non seulement le Génocide arménien, mais aussi la grande agonie du peuple arménien est niée et des tentatives ont lieu pour justifier le génocide.
Il n'y a pas plus d'un mois lors d'un symposium à propos des relations Arméno-turques les thèses officielles négationnistes se sont exprimées les unes après les autres, offensant les arméniens en Turquie et d'ailleurs et insultant la mémoire de leurs grands-parents. On a menti nom “de la science“, que “ les arméniens vendaient toujours leurs maîtres “, “ la déportation était un moyens de gestion de crise “, “ le chiffre des morts lors de la déportation est comparable avec le chiffre des morts liés à l'épidémie de grippe en Angleterre en ce temps-là “, “ il n'y a aucun autres peuple aussi noble que la nation Turque dans le monde, il est impossible pour lui d'avoir commis un génocide “ et plus encore, humiliant les gens qui sont les plus instruits dans les domaines de la science, de l'art, de la littérature et dans tous les autres aspects.
La négation est une partie constitutive du génocide en lui-même et résulte de la suite du génocide. La négation du génocide est une violation des droits de l'homme en soi. Elle prive des individus du droit de pleurer pour leurs ancêtres, de la purification ethnique d'une nation, de l'annihilation des personnes de tous les âges, de toutes les professions, de toutes les segments sociaux, les femmes, les hommes, les enfants, les bébés, les grands-parents de la même manière parce qu'ils étaient juste des arméniens indépendamment de leur idées politiques ou convictions. Mais peut-être le plus important de tout, c'est le refus d'accepter une obligation solennelle, formelle et dire “ JAMAIS PLUS “.
La Turquie n'a fait aucun progrès dans le champ de la coexistence, de la démocratie, des droits de l'homme et dans la cessation du militarisme depuis le temps du Comité Union et Progrès. L'annihilation et la négation avaient été et continuent aujourd'hui à être les seuls moyens pour résoudre le problème. Les villages évacués et brulés et les déplacements obligatoires sont toujours la manifestation de la même habitude de “ l'ingénierie sociale “. Il y a toujours eu carnage dans la patrie des Arméniens après 1915. Les meurtres non résolus, les disparitions lors de garde à vue, les viols et les arrestations de masse pendant les années 1990 n'ont pas été une surprise étant donné la tradition en cours de l'Etat manquant de n'importe quelle culture du repentir pour les crimes passés contre l'humanité.
De la même façon la révocation d'un procureur de la République et l'interdiction d'exercer sa profession juste pour avoir courageusement mis en accusation des militaires, un incident très récent, est la manifestation d'une vieille habitude de punir celui qui ose élever la voix contre n'importe quelle objection à l'égard de l'armée. Et aujourd'hui l'amassement par les militaires d'environ 250 000 soldats dans le sud-est de la Turquie est la preuve d'un état d'esprit qui est incapable de développer tout autre solution à la question Kurde que celle d'une suppression par les armes.
La Turquie ne sera pas capable de faire un pas en avant sans mettre fin aux pratiques du Comité Union et Progrès. Aucune violation des droits de l'homme ne pourra s'arrêter en Turquie et il n'y aura aucun espoir de casser le cercle vicieux des soulèvements kurdes et leur suppression sanglante à moins que l'état Turc ne consente à créer un environnement où l'hommage public est rendu aux victimes du génocide, où les souffrances de leurs petits-enfants sont partagées et le génocide est reconnu.
Aujourd'hui nous, comme défenseurs des droits de l'homme, voulons nous adresser tous les arméniens en Turquie et ailleurs dans le monde et leur dire « nous voulons partager la douleur dans vos coeurs et saluer bien bas la mémoire de vos disparus. Ils sont aussi nos pertes. Notre lutte pour les droits de l'homme en Turquie, est en même temps notre deuil pour nos pertes communes et un hommage rendu aux victimes du génocide ».
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